mardi 17 avril 2007

Episode 2x01 - "Shattered Empires" - En Cours

Part. 1 - The Aftermath

A travers les fenêtres de la voiture, les rues du quartier français se dévoilent. La chaleur est accablante, l'atmosphère pesante. Des nuages noirs s'ammoncellent à l'horizon, zébrés d'éclairs silencieux, alors que les prémisces du carnaval se font sentir. Une musique à la fois feutrée et exubérante semble jaillir de nulle part, évanescente et fiévreuse. Des odeurs d'épices, de poudre, et plus que tout, celles, presque imperceptibles, d'une tempête à venir.

Hoyt est au volant, l'air maussade. Ses yeux scrutent de droite à gauche, anxieux, se posant longuement sur le rétroviseur. Il est tendu. A ses côtés, Neil reste silencieux, tout comme Emy, à l'arrière. Ils viennent de voir plus d'une centaine de leurs collègues périr sous leurs yeux impuissants, et la rage côtoie le désespoir.

Qui étaient ces mercenaires ? Leur efficacité, leur rigueur martiale, leur absence totale de remords et de compassion... Ils regardaient leurs victimes sans sourciller. Sans la moindre trace d'émotion... Pas même de la haine.

Et ces Spectres. Des dizaines, peut-être même une centaine. Ils ne ciblaient que les employés d'Orpheus, laissant passer les assaillants comme s'ils n'existaient pas, pour eux. Etaient-ils contrôlés ? Les mercenaires avaient-ils été protégés d'une quelconque manière ?

Les cris, les flammes de fin de monde, et les corps... Tant de corps qui jonchaient le sol.

Emelia tremble, les poings et la machoire serrés. Elle regarde à l'extérieur la foule des badauds, touristes, marchands qui se heurtent, se frôlent, s'évitent dans la lueur vespérale. A peine une heure que tout cela est arrivé... Elle se sent si déconnectée. Elle remarque le sang sur ses mains et ses vêtements. Ce n'est pas le sien. Hoyt brise soudain le silence, la tirant de ses rêveries. Ils sont bientôt arrivés au Safe Haven.

Hoyt arrête la voiture dans une allée discrète, derrière une rangée de bennes à ordures pour masquer leur arrivée. Il fait le tour de la voiture, regardant bien autour de lui pendant que les autres sortent à leur tour. La seconde voiture s'arrête non loin d'eux. Stephan, Andrea et Sarah en sortent. Stephan arbore un air sombre. Sarah rejoint les autres membres du Creuset. Pour l'instant, aucune nouvelle de Larry. Eva et Roger sont à l'hôpital. Il ne reste qu'eux.

Tous sortent leurs portables, les désossent. Hoyt s'asseoit un instant et se décorpore, les grillant tour à tour, avant de regagner son corps. Tous s'enfoncent alors dans une ruelle, en direction du Safe Haven.

Jesse Ossorio (Raymond Cruz) arrive en toute hâte au siège local du FBI. Sa mine est sombre. Il est rejoint par Keith Sullivan et Sandra Chu. Keith lui fait un rapport. Orpheus a été attaqué. Ils ne connaissent pas le nombre de victimes, mais le bilan a l'air d'être lourd. Des détonations ont été entendues... Ossorio dit savoir. Les médias diffusent déjà des images du brasier. Keith reprend. Ils ne savent pas non plus qui est à l'origine de cette attaque. Ossorio est furieux. Il lui demande de réunir l'équipe (Sanjee Prohaska, Melanie Seal, Alan P. Faurey et Jennifer mcDonald). Une fois Sullivan parti, Chu annonce à Ossorio que deux agents sont dans son bureau. Ossorio acquiesce.

Dans son bureau, deux hommes. Comme lui, en costume-cravate tellement réglementaire. Ils se présentent. Brad Dougal et John Beltrani, eux aussi du FBI. Ils le contactent pour lui demander de coordonner les opérations du CIRG (Critical Incident Response Group), une unité d'élite du FBI. En tant que dirigeant du NTMD (New Technology Monitoring Division), Ossorio est celui qui en connaît le plus sur l'affaire. Ils lui révèlent que cette attaque n'est pas isolée. Terrel & Squib, Osiris, Future Life ont aussi été attaqués, ainsi que toutes les sous-divisions de T&S et Orpheus à l'étranger, et insistent sur le fait que cette attaque est la plus meurtrière sur le sol américain depuis le 11 Septembre 2001, comptant près de 800 morts estimés au total (dans le monde). Elle est considérée comme une attaque terroriste de grande ampleur, et tombe sous le coup du Patriot Act. Or, ils avancent à l'aveugle dans cette affaire, et auraient besoin de lui pour les mettre sur la piste et coordonner leurs actions. Ossorio soupire, fixe les deux agents. Il accepte, et dit à Sandra de préparer la réunion de crise. Il veut un compte-rendu, le rapport des enquêteurs sur place, un état des lieux de tous les hôpitaux à la ronde en quête d'éventuels blessés. Toutes les informations dont ils pourraient avoir besoin. Ils connaissent leur métier. Au travail.

Un homme d'une trentaine d'années marche dans un long couloir. Il suit de nombreux tuyaux, câbles, et ses pas résonnent sur le sol bétonné. Il est fébrile. Il s'éponge le front lorsqu'il arrive devant une lourde porte métallique. Il sort une carte électronique de la poche intérieure de sa veste, tape une séquence sur le digicode, et fait glisser le pass dans la fente attenante. La porte se déverrouille. A l'intérieur, un sas entièrement blanc. Deux lourdes caméras vrombissent. Il entre et se place en son centre. Sans qu'il ne le voit, un fantôme entre dans la pièce. Il se dirige vers lui et passe au travers. L'homme en costume est parcouru de spasmes. Il lève la tête et parle fort : "Il est clean".

En réaction, une porte s'ouvre. L'homme l'empreinte, vraisemblablement souillé par cette courte possession. Deux gardes en combinaison de combat l'accueillent, armés de fusils à pulsations électromagnétiques (PsyGuns) et de Kirlian Goggles (casque intégral, avec quatre senseurs rougeâtres au niveau des yeux, légèrement différent de ceux de T&S). Il est conduit jusqu'à une grande pièce sombre. Trois hommes , assis à une table de réunion, regardent une batterie d'écrans à cristaux liquides, avec des images d'Orpheus, T&S, Osiris, etc. L'un fume un cigare (William Francis McGuire), un autre une cigarette (Ed Harris). Le troisième (Karl Urban) regarde fixement les écrans. Le nouvel arrivé se raidit. Il dit que son supérieur n'est pas content de la tournure des événements, et que cet incident pourrait causer sa perte, si jamais des informations arrivaient à filtrer au FBI ou à la presse. Il est clairement anxieux, terrifié, même.

L'homme à la cigarette prend le premier la parole, calmement, froidement. Il dit que les Juges veilleront à ce que tout reste confidentiel. Qu'ils monitorent le FBI. Que ce fiasco est dommageable, et qu'une action rapide s'impose, mais que tout reste sous contrôle. Orpheus devra être entièrement décimé. Ils ont déjà pris la liberté de prendre des directives en ce sens.

Hoyt, Sarah, Neil, Stephan, Andrea et Emelia marchent en direction de la planque. Alors qu'ils arpentent les ruelles et les arrières-cours du quartier français, ils tombent sur un homme, assis sur les marches d'un vieil immeuble. Autour d'eux, des linges sèchent sur des filins, obstruant le ciel. Aux fenêtres, des femmes et des hommes les regardent passer, cachés à moitié, disparaissant parfois. Les membres du Creuset l'a déjà vu. Ils l'appellent le Silent Guardian. C'est un black au crâne rasé, musculeux, aux yeux d'un bleu perçant. Un tatouage de tête de mort stylisée couvre tout son crâne et son visage. Il est terrifiant et fascinant à la fois. Hoyt et lui parlent en Créole. Le gardien acquiesce finalement, et dévisage chacun des survivants alors qu'ils passent devant lui, avant de se détourner.

Hoyt dit aux autres que les Loas veilleront sur eux. C'est grâce à eux que ce lieu est si sûr. Personne ne peut trouver le Safe Haven sans leur bénédiction. C'est comme si un labyrinthe s'ouvrait à eux, mais se refermaient dès qu'un intrus y pénétrait. Hoyt, dans un rire empli d'amertume, leur dit même douter que ces lieux existent dans la réalité. Les prêtres Vodoun les considèrent comme des pairs, des initiés, et ne toléreront pas qu'il leur soit fait du mal. Les habitants de ce quartier préféreront même mourir que de risquer leur colère. Ils sont en sécurité, et seront même alertés si jamais quelqu'un tentait de les débusquer ici.

Après de nombreux détours dans des arrières-cours sombres, des ruelles obscures et tentaculaires, ils arrivent enfin au Safe Haven. Hoyt s'asseoit, défait. Emelia, quant à elle, se précipite pour allumer la télévision. les médias parlent de l'attaque. Elle est quasiment sur toutes les chaînes. Ils apprennent que des attaques similaires ont frappé toutes les entreprises de projection. Mon Dieu... Tous sont estomaqués.

Sarah et Stephan se préparent déjà. Ils partent pour Cerberus. Hoyt se laisse soudain envahir par la colère. Cerberus a sûrement déjà été attaquée, c'est dangereux et ils risquent de mourir. Ils n'ont pas vu les cadavres, les morts innombrables ? Ils veulent ajouter leurs corps au charnier ? C'est de la stupidité ! Sarah rétorque que Cerberus détient des informations capitales, et qu'ils doivent absolument les récupérer. Stephan surenchérit en disant que toutes les informations, données, pistes qu'ils ont réussi à réunir sont là-bas. Qu'il ne laissera personne les leur voler. Tous les débuts de réponses sur son compte sont là-bas. Ils doivent y aller, et ils iront, que Hoyt le veuille ou non. Hoyt secoue la tête. Il se sait plus où il en est. Sarah et Stephan sortent. Neil, quant à lui, se décorpore. Il prévient qu'il va aller surveiller Roger et Eva. Ils sont sérieusement exposés, où ils sont.

Edward rentre en contact avec Sarah et Stephan alors qu'ils font route pour Cerberus. Ils passent le chercher. Toujours aucune nouvelle de Larry. Neil, de son côté, assiste aux interventions chirurgicales de Roger et Eva, mais tout semble bien se passer. Il va pour les rejoindre à Cerberus à son tour. Hoyt, de son côté, commence à élaborer des protocoles pour retrouver d'éventuels survivants d'Orpheus, assisté par Emy et Andrea.

Arrivés à Cerberus, les quatre agents se frayent un chemin vers l'entrepôt qui sert de planque aux locaux secrets du Cerberus. Ils y trouvent les caméras débranchées et des traces de sang. En descendant dans les sous-sols, ils tombent sur une scène d'horreur. Là aussi, des corps jonchent le sol. Des scientifiques, des techniciens... Ils ont été tués physiquement pour la plupart, et non de manière fantômatique. Ils sont criblés de balles, adossés çà et là, les yeux vitreux. Certains marinent dans leur propre sang, d'autres sont morts en tentant de ramper. Certains ont été exécutés.

Mais il semble y avoir eu de la résistance : les panneaux en verre gisent en mille morceaux par terre. Des murs ont fondu sous le coup d'une violente explosion et chaleur. Un homme s'est à moitié consumé. Le haut de son corps n'est plus que cendres, chair calcinée et os noirâtres. Le sol est scarifié, vitrifié à certains endroits. Des tables ont été retournées. Le sol est trempé, suite à l'allumage automatique du système d'extinction. Des marques de balles constellent les murs, les bureaux, les ordinateurs, les machines à café. Le combat a duré longtemps. Mais aucun corps de combattant, et personne dans les cuves... Le C13 a peut-être survécu, de même que les émissaires de NextWorld.

En pénétrant le réseau, ils voient que beaucoup de données ont été effacées à la hâte, corrompus ou manquants. Presque rien ne subsiste. Par chance, ils trouvent un rack intact, avec des informations codées et sécurisées. Pour l'ouvrir, il faut un code et une carte magnétique. Ils décident de bypasser les protections et d'emporter la totalité des disques durs. Ils verront ce que contiennent les disques bien à l'abri au Safe Haven. La soirée a été longue, et ils ont besoin de repos... Ils quittent les lieux sans même se retourner, laissant derrière eux les ruines et les vestiges de leur vie passée.

Part. 2 - Freedom in a Cage, Prisoners in the Outside World

Roger ouvre les yeux. Vertige. Il voit quelques formes indistinctes, des rideaux, une lumière faible à l'extérieur des fenêtres, mais en même temps aveuglante. Il est allongé. Son épaule et son ventre le lancent. Une silhouette floue se lève et vient dans sa direction. Il sombre à nouveau.

Eva ouvre les yeux. Sa tête tourne, et une douleur transperce sa poitrine. Elle souffle lentement, apprivoisant la douleur ténue. Ses yeux piquent, elle se sent nauséeuse. Elle voit une perfusion plantée dans son bras. Elle tente un geste. Impossible : des menottes emprisonnent ses poignets aux montants métalliques du lit sur lequel elle est allongée. Elle ne comprend pas... Un léger toussotement dans la pièce. Eva lève les yeux, tentant de les ajuster à la pénombre. Une jeune femme asiatique est assise sur un fauteuil, habillée dans un tailleur noir impeccable. Elle tient un dossier fermé à la main.

"Vous êtes réveillée ?"

Sandra Chu lui demande si elle se sent bien, lui dit qu'elle a eu beaucoup de chance d'avoir survécue. Elle lui montre son badge et lui dit qu'elle appartient au FBI, et plus particulièrement au CIRG et au NTMD. Elle est désolée de devoir l'interroger si peu de temps après son opération, mais la gravité de la situation l'exige. L'attaque dont elle a été victime est considérée comme une attaque terroriste, lui dit-elle, et ils craignent des répliques imminentes. Le FBI a besoin d'informations, de manière capitale. De quoi se souvient-elle ?

Eva essaie de se concentrer, de faire le point. Elle appelle les autres mentalement, mais aucune réponse. Elle se sent bizarrement engourdie. Elle répond qu'elle a du mal à se souvenir, que tout est encore confus. Chu lui demande par quel hasard ils ont été retrouvés sur l'héliport de l'hôpital, alors qu'aucun appareil n'a survolé cet endroit au moment où ils ont été retrouvés ? Eva lui dit sincèrement qu'elle n'en sait rien. Posant la question concernant les menottes, l'agent spécial lui dit que ce sont des mesures préventives, tout comme le sérum à base de dérivé de curare qui leur est inocculé par intraveineuse. Ils sont considérés comme témoins et victimes, mais ils ne peuvent pas prendre de risque. Cette enquête tombe sous le coup du patriot Act. Eva finit partiquer sur le "ils". Elle demande à Sandra qui d'autre est ici. Elle répond que Roger Stam est dans la chambre attenante, lui aussi interrogé.

Roger, dans une période de semi-conscience, voit une infirmière parler avec un homme en costume gris. mais tout est flou. Il empêche l'infirmière de lui prodiguer des soins, malgré sa mauvaise condition. Il dodeline de la tête à nouveau. Noir.

Après mûre réflexion, Eva coopère, détaillant l'arrivée des mercenaires, certaines de leurs capacités. Sandra se montre attentive, minutieuse, la pressant de questions pointues. Par ailleurs, elle semble très intéressée par certaines allusions aux pouvoirs des projecteurs, notamment la possession. Eva commence à sentir qu'elle marche sur le fil d'un rasoir, elle élude le sujet, ment quand elle est acculée. L'ambition du NTMD a toujours été de fortement réglementer, voire interdire, la technique de projection, pour se l'approprier. Toute information tendancieuse, notamment la capacité d'un Skinrider de posséder un corps, pourrait servir de preuve, et même, si le public l'apprenait, une chasse aux sorcières d'envergure internationale...

Roger ouvre les yeux pour se retrouver menotté à une chaise. La position le fait souffrir, et lui provoque des sueurs froides. Une perfusion a été installée à côté de lui. En face, Jesse Ossorio est assis sur le lit. Lui aussi commence son interrogatoire. Mais Roger nie tout, même son appartenance à Orpheus. Ce qui irrite Ossorio au plus haut point. La discussion s'envenime. La cordialité de façade fait place à l'agressivité. Ossorio profère des menaces. Du statut de témoin, ils peuvent passer suspects d'un simple claquement de doigts de sa part. Et sous le couvert du Patriot Act, ils n'auront plus aucun droit, et tout le temps pour regretter. Stam ne se laisse pas impressionner, et continue de nier, avec encore plus de ferveur. Excédé, Stam quitte la pièce.

Ossorio et Chu se réunissent à l'extérieur, dans une chambre convertie en salle de garde. Le constat est simple: l'un coopère, pas l'autre. Ils restent en plus très élusifs. Ossorio décide de presser Stam à avouer, et demande à Chu de continuer de manière douce. Ils devront les interroger pour savoir où se trouvent les éventuels autres survivants. Qui plus est, c'est l'occasion ou jamais de retirer le maximum d'informations sur la technologie de projection. Une opportunité à ne pas laisser passer.

Jesse se tourne vers Sullivan. Où en sont-ils du détecteur de fantômes ? Keith répond qu'il est installé, et que quatre agents disposant de Goggles prototypes ont été postés à l'étage. Ossorio acquiesce. Ils ont ordre de tirer à vue d'oeil.

Larry ouvre les yeux. Il se fige, grimaçant alors qu'il tente de se redresser. Son corps est pansé, mais il souffre de partout. Il se projète pour échapper à la douleur. Son corps est allongé sur un lit à baldaquin, d'où tombent des pans de soie colorés. La chambre est féminine, tout en rouge et ôcre, dans un style moyen-oriental, avec de nombreux coussins, des bougies, de l'encens. Les fenêtres sont grandes ouvertes, et une douce brise soulève les rideaux immaculés. Il entend du bruit, à côté. Il se souvient, il a été amené en sécurité, semble-t-il, par Grace (Maggie Q), la call-girl qu'il a engagée.

Il décide de se manifester pleinement, et marche vers la cuisine. Elle est en train de préparer à manger. Le voyant approcher, elle se tourne vers lui et le dévisage. Elle fronce les sourcils. Larry comprend, dit qu'elle n'a pas à avoir peur. Son corps est encore dans la chambre. Il est actuellement projeté, et c'est grâce à ça qu'il bosse à Orpheus. Elle ne sourcille pas, ne montre pas le moindre signe de peur. Elle lui dit qu'elle a eu peur, un moment, qu'il meure pendant qu'elle le conduisait. Il a convulsé plusieurs fois, au point qu'elle croyait qu'il faisait une crise d'épilepsie. Elle était en chemin jusqu'à l'hôpital lorsqu'elle a entendu les nouvelles à la radio. Des explosions à Orpheus... Elle a décidé d'aller trouver une connaissance, un médecin agissant de manière officieuse. Il a été salement amoché, mais il survivra.

Larry semble inquiet. Il appelle les autres membres du Creuset. Tous répondent, sauf Eva et Roger. Il sent aussi l'absence de Vassili, un puits d'amertume et de colère, mais il parvient à l'occulter. Il demande qu'on vienne le chercher, en fait part à Grace. Que ce sera plus sûr, pour elle. Elle en a fait déjà assez, qu'il la remercie, et qu'elle peut garder la Viper comme gage de remerciement. Elle ne dit pas non. A la place, elle prend la télécommande et allume la télévision. Là, Larry assiste aux derniers développements de l'incident. Sa mine se durcit.

Il appelle à nouveau le Creuset, avec plus d'insistance, et parvient enfin à joindre Eva et Roger. La drogue semble atténuer leur empathie et engourdir leurs perceptions et capacités de projection. Eva, en se concentrant, y parvient toutefois. Mais mieux vaut garder cela pour eux, et laisser penser au FBI qu'ils sont totalement inoffensifs. Larry, à force de persuasion, parvient à convaincre Roger de coopérer. Edward passe chercher Larry chez Grace et le ramène au Safe Haven. Tous discutent mentalement sur le trajet. Le FBI est potentiellement un allié de choix, disposant d'énormes ressources logistiques. Mieux vaut ne pas s'attirer leurs foudres et négocier une alliance. Roger acquiesce.

Neil n'est quant à lui pas convaincu. Le FBI ne connait pas assez le monde fantômatique pour pouvoir assurer leur protection. Qui plus est, leur objectif est clair, légiférer et réglementer la technologie de projection pour pouvoir la faire passer sous leur coupe. Ces considérations politiques prendraient des mois, voire des années, temps qu'ils n'ont pas compte-tenu des dangers actuels. Le FBI ne se rend pas compte de la vraie menace, et il est hors de question de s'engluer dans un débat de moralité et de luttes et pressions administratives. Il faut extraire Eva et Roger au plus vite. Ils sont éminemment vulnérables, et ce n'est pas dans une planque du FBI qu'ils seront en sécurité.

Stephan partage cet avis, une alliance avec le FBI ne servirait à rien, et inviterait d'autres problèmes. Il n'a pas envie de finir comme cobaye dans une base secrète militaire du Nevada. Coupant court à la discussion, Eva leur dit qu'ils resteront ici, au moins pour en apprendre plus sur Jesse Ossorio, et percevoir les limites et les intentions de l'homme. Neil, même dubitatif sur le bien-fondé de la démarche, ne peut que s'en remettre à sa décision. Mais il gardera un oeil sur eux, aussi souvent que possible.

Mais le soir venu, après une longue journée d'interrogatoire avec très peu d'interruptions, Eva commence à somnoler. Elle bascule petit à petit dans un rêve fait d'obscurité. Une figure est prostrée dans les ombres. Elle le reconnaît : Vassili. Il lève la tête et la fixe, un regard mélancolique et figé la dardant douloureusement. Elle gémit et gigote dans son sommeil. vassili articule des mots, mais aucun son ne semble sortir de sa bouche. Elle lui crie qu'elle n'entend pas, mais devant son absence de réaction, elle se met à lire sur ses lèvres. Elle ne comprend que certains mots : "Fuyez. Ils arrivent. Les Marchands de Mort...". Des tentacules noirs entourent Vassili et l'attirent dans les ombres d'encre.

Elle se réveille en sursaut, pour remarquer un grésillement de son moniteur médical, ainsi que celui d'un néon, plus loin dans le couloir. L'homme charger d'assurer sa garde semble n'avoir rien remarqué. Elle se décorpore, prévenant les autres membres du Creuset. Une menace arrive à l'hôpital. Eva sait que les Death Merchants sont le nom de code de mercenaires ayant appris d'une manière ou d'une autre la capacité de projection, et l'utilisant à des fins mercantiles. Suite à ce cri d'alerte, Roger se décorpore à son tour, de même que Sarah, Larry, Neil et Ed. Sarah commence à les téléporter en bonds successifs, consumant quasiment toute sa Vitalité dans le processus, sous le coup de l'urgence. Mais même de cette manière, ils sont quasi certains d'arriver trop tard.

Dans le couloir, un homme approche. Il montre sa plaque du FBI aux gardes, demandant à s'entretenir avec Eva et Roger. Mais ils refusent. Ils ont ordre de ne laisser passer personne. L'homme sort alors un pistolet équipé d'un silencieux et les descend. Mais alors qu'il rentre pour exécuter la jeune femme, Eva l'attend de pied ferme, en forme fantômatique manifestée, et lui assène un Wail meurtrier. Les vitres explosent, les montants métalliques se courbent, et l'homme est projeté en arrière, lacéré de toutes parts. Elle cesse de hurler lorsque Roger la rejoint. Celui-ci se jette dans la mêlée pour voir un fantôme venir dans leur direction, par la droite, et un autre s'extirper du corps agonisant en roulant derrière un mur.

En faisant appel au Congeal, il se forge un fusil à pompe, qu'il braque sur le second fantôme. La décharge de Gaze le heurte de plein fouet, l'envoyant valser derrière un mur. Il s'élance ensuite vers le premier, tout comme Eva. Mais le fantôme avait anticipé son arrivée. Usant de l'Horreur Juggernaut, il fonce droit sur Roger pour le plaquer au sol, et parvient à le désarçonner. Heurtant violemment le sol, Roger parvient à armer son fusil, libérant une nuée de shrapnels à bout portant dans la poitrine de l'assassin. Il est projeté en arrière, suffisamment haut pour qu'Eva lui martèle un second Wail. Blessé, il ripcorde pour se mettre à l'abri.

Roger, du coin de l'oeil, voit le second fantôme se jeter sur lui par la droite. Lui aussi, grâce à Congeal, a manifesté une énorme faux, qu'il fait retomber sur le projecteur. Stam parvient à rouler légèrement sur lui-même, évitant de justesse le coup fatal, et tire. La Gaze de l'assassin éclate en lambeaux sinueux sous le choc. Incapable de maintenir sa forme fantômatique, le Death Merchant tombe à genoux, s'effritant, s'évaporant progressivement, avant de se dissoudre complètement.

Part. 3 - Project Genesis

Le secteur isolé de l'hôpital où sont "incarcérés" Roger et Eva est bientôt envahi d'agents gouvernementaux. Les néons endommagés crépitent et pendent du plafond, à moitié arrachés. Des bris de verre jonchent le sol, et craquent au moindre pas. Ossorio se fraye un chemin à travers les médecins et patients intrigués et inquiets, retenus hors de la zone sécurisée par des forces du FBI intrnasigeants. Il fulmine. Les agents le laissent passer, et il ouvre les portes battantes pour découvrir le carnage. Deux hommes morts gisent sur le sol, couverts d'éclats de verre, vraisemblablement assassinés. Un autre, encore vivant, est ausculté par un médecin. Il est lacéré de toutes parts. C'est l'un des hommes qui lui ont été confiés. Il peste de rage en découvrant sur le sol un pistolet muni d'un silencieux. Sa mine s'assombrit alors qu'il voit Eva le toiser du regard. Plus que les morts, ce sont les dégâts qui le rendent nerveux. Une telle puissance de destruction...

Il approche d'Eva, elle aussi soignée par un médecin. Les deux anciens employés d'Orpheus semblent mal en point. La chambre de la jeune femme est dévastée, les murs lézardés de fissures, gondolés, les meubles retournés et fracassés...

"C'est vous qui avez fait ça ?"

Eva acquiesce. Elle lui rapporte sa version des faits : un homme sous ses ordres s'est introduit ici avant de froidement descendre les deux agents postés devant leurs chambres. Il était là pour les réduire au silence, Roger et elle. Mais il pensait vraisemblablement les trouver inconscients et sans défense. Elle insiste sur ces derniers mots, et Ossorio comprend que la dose du sérum n'a pas été suffisante. Eva souligne le fait qu'ils étaient soit-disant censés assurer leur sécurité, et que si elle n'avait pas réussi à se défaire de l'emprise de leur drogue, ils seraient morts, à l'heure qu'il est. Ossorio est furieux. Il dit à Eva qu'ils seront placés dans un endroit plus sûr dès ce matin, malgré les protestations du médecin, qui les estime dans un état encore préoccupant.

Soudain, les autres membres du Creuset 05 apparaissent, alertés par les vagues émotionnelles, même atténuées, d'Eva et de Roger. Ils savaient qu'ils arriveraient après la bataille, et sont soulagés de les retrouver entiers. Ils sont sur le qui-vive, voyant des hommes arborant des goggles balayer tout le secteur du regard, et prêts à l'affrontement. Mais ceux-ci ne les voient pas. Ils passent comme si de rien n'était, sans même la moindre once d'inquiétude. Leur technologie ne fonctionne pas !

Ossorio balaie la scène du regard. La donne fantomatique est capable de bouleverser toutes les conceptions humaines. Pendant des années, ils lui ont ri au nez, mais maintenant, ils doivent se rendre à l'évidence. La technologie de projection est un danger, et il est peut-être déjà trop tard... Se retournant, il voit Sandra en train de le dévisager. Il va la trouver. Elle lui raconte qu'une surcharge du générateur a eu lieu, et que le système de sonar a été endommagé. Tous les goggles sont inopérants, et le sont toujours. Jesse lui intime de remettre le système en état. Il ne peuvent pas se permettre d'évoluer en aveugle. Il lui ordonne aussi d'augmenter les doses de sérum.

Malgré sa colère, il est parfaitement lucide quant aux événements. C'est d'ailleurs ce qui l'irrite au plus haut point : son impuissance... Quelqu'un a décelé la camionnette contenant le moniteur et l'a désactivé facilement, les plongeant dans le noir total pour agir en toute impunité. Quelqu'un qui connaissait leur protocole d'action et les limites de leur système de surveillance fantômatique. Qui plus est, la déclaration involontaire d'Eva sur les possessions humaines semble vérifiée, même si des interrogatoires plus poussés sont requis. L'homme qui a assassiné les gardes a dû être possédé par un fantôme, c'est la seule explication. Il connaissait ses états de service et l'avait lui-même choisi. A moins que d'autres ordres ne lui aient été assignés derrière son dos.

Ossorio s'isole et décroche son téléphone, sans se rendre compte qu'il est observé. Sans se rendre compte de rien lorsque Neil possède son portable, sans se rendre compte de rien lorsqu'il appelle son commanditaire... Il l'informe de l'attaque, et reporte son ordre de les mener à un endroit plus sécurisé. Son interlocuteur lui demande si les personnes récupérées (Eva & Roger) sont prêts à coopérer. Ossorio lui répond positivement.

Mais soudain, Neil intervient dans la conversation. Il prévient les deux hommes qu'ils vont procéder à l'extraction des deux blessés, et que tout peut bien se passer s'ils les laissent faire. Dans le cas contraire, ils devront être prêts à en subir les conséquences. Ossorio et son commanditaire sont horrifiés. Ils lui répondent que c'est une chose inacceptable (Ossorio, bloquant de sa main le combiné, dit à Sandra de tracer l'appel, sans succès). Que ces personnes sont des témoins clés, et en tant que dépositaires de l'autorité gouvernementale, ils les garderont sous haute protection et surveillance. La discussion s'envenime. La peur s'entend dans leur voix. Plus encore, la terreur. Malgré les négotiations de Neil, ils restent sur leurs positions : qu'ils tentent quoi que ce soit, et ils seront considérés comme des criminels. Ils le regretteront. Mais ces menaces n'atteignent pas Neil. Leurs capacités dépassent largement les compétences du FBI, et ils l'apprendront à leurs dépens.

Après avoir raccroché, Ossorio beugle des ordres. Ils partent immédiatement. Eva et Roger sont transférés dans des vans, malgré la sévérité de leurs blessures, pour être emmenés dans une planque sécurisée. Mais Neil et le reste du C05 mettent leur plan en action. Le convoi est attaqué. Grâce à Inhabit, Neil sabote plusieurs vans, tandis que les autres membres du Creuset procèdent à l'extraction. Après avoir pris le contrôle du van convoyant Eva et Roger, les autres projecteurs tentent d'incapaciter les agents du FBI gardant les prisonniers, mais ils résistent. L'un d'eux tire sur les pneus du véhicule en pleine course. C'est l'accident. Le van dérape et effectue un tonneau, avant de s'immobiliser sur un terrain vague...

Tandis que les blessés sont extraits du van, Edward voient les autres agents débarquer, menés par Ossorio. Il crée une illusion, les montrant en train de s'échapper. Pendant ce temps, Andrea possède Ossorio et hurle aux autres agents de les prendre en chasse. Les blessés sont transférés dans une autre voiture, et une fois ceux-ci partis, Andrea relâche sa victime. Ossorio tombe à terre, ivre de rage et grelottant de peur. Les autres agents reviennent bredouille, trouvant un Ossorio dans une humeur noire.

Eva et Roger sont rapatriés.

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